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Paola est équatorienne. Conseillère de voyage chez bynativ, elle a toujours eu pour vocation d’exposer son pays aux yeux des voyageurs les plus nombreux, de vanter sa beauté et d’en partager ses recoins les plus secrets. Aujourd’hui, armée de cette volonté de partager sa culture, elle nous parle sans détour de la jeunesse équatorienne, de ses défis actuels et de ses espoirs…
La majorité en Equateur est à 18 ans. Rien n’est réellement prévu pour fêter le passage à l’âge adulte. pour les jeunes. Pour une certaine jeunesse, avoir 20 ans, cela signifie la fin des études et le début prometteur d’une carrière professionnelle. A cette période, les jeunes vivent les plus belles années de leur vie. Ils souhaitent donc expérimenter un tas de choses … tout en se rapprochant du moment où ils devront assumer leurs responsabilités.
Mais il y a une autre réalité, celle des gens plus nécessiteux qui ont un quotidien parfois bien difficile à vivre et qui ne peuvent pas avoir les mêmes rêves que la jeunesse dorée. Il y a aussi malheureusement encore beaucoup de grossesses chez les très jeunes femmes, c’est alors une autre vie qui commence, une autre direction à prendre. Une décision importante s’impose à elles : essayer de finir ses études ou décider de les arrêter par manque de moyen et de temps ?
Les jeunes sont à la recherche d’attaches territoriales, d’identité culturelle tout en ayant le sentiment d’appartenir à la globalité du monde. Ils veulent pouvoir voyager, étudier, ils souhaitent plus de modernité et de progrès. Aujourd’hui une bonne partie de la jeunesse s’intéresse et s’implique dans des mouvements écologistes pour la protection et la conservation de la nature. Elle prend conscience du devenir de l’être humain, de ses racines ancestrales et de l’identité de certaines ethnies.
Je pense que la nouvelle génération veut donner son avis et participer à la construction de l’Equateur. L’idéologie du pays, l’économie, la politique et les problèmes sociétaux sont donc des thèmes fondamentaux pour la jeunesse équatorienne. Il existe plusieurs actions qui démontrent le changement que les jeunes souhaitent pour leur pays. Par exemple, certains font la promotion de l’économie solidaire, à travers l’échange de biens ou de services au moyen du troc qui est encore une pratique courante dans le monde indigène mais oublié par la population métisse. Des projets de potagers « bio » dans des quartiers résidentiels et au cœur de la ville voient le jour à chaque instant.
Beaucoup de projets concernent également les femmes et leur insertion dans la société. Plusieurs générations de mères se réunissent au sein d’organisations privées ou publiques. Elles y partagent leurs expériences personnelles de mères et échangent sur les coutumes ancestrales … que la société actuelle et moderne nous a fait oublier. J’aspire et ose prétendre que les mouvements dynamiques et nouveaux qui surgissent, nous permettent de retrouver nos racines et de construire un monde meilleur et plus humain.
J’aimerais que l’Equateur, qui est un petit pays d’Amérique Latine, puisse être un exemple pour les grandes nations et montrer qu’il est possible de vivre et d’être fidèle à ses valeurs et à ses traditions dans le monde moderne.
Être étudiant en Equateur, ce n’est pas du tout facile. Si l’on veut suivre un bon cursus scolaire et avoir une bonne éducation on doit passer par les écoles privées et c’est très cher. La plupart des écoles publiques n’ont pas un bon niveau et, en plus, elles sont surchargées car ici, en Amérique Latine, il y a une forte population de jeunes et d’enfants. En Equateur certaines universités publiques proposent un bon enseignement compétitif mais n’ont pas l’espace nécessaire pour le nombre d’étudiants.
Parallèlement, trouver un emploi en Equateur est tout aussi difficile. Il n’y a pas de postes à pourvoir pour autant de personnes. Alors cette nouvelle génération se transforme en de jeunes entrepreneurs, ils créent leur petite entreprise. Cette capacité à inventer des petits boulots, c’est en général ce qui surprend le plus les voyageurs qui viennent jusqu’ici. Par exemple, il y a des nuages dans ciel ? Subitement apparaissent, venus de nulle part, des vendeurs de parapluies ! On trouve des marchands de fruits, d’eau, de bonbons et de tout ce que vous voulez, à tous les coins de rue. Un équatorien cherchera toujours à gagner de l’argent, il ne restera jamais les bras croisés s’il est dans le besoin.
Les jeunes peuvent être confrontés au chômage et sont obligés de faire plus d’études pour décrocher de grands diplômes afin d’entrer en compétition sur le marché du travail. Dans les problèmes du quotidien, j’ajouterais également (et malheureusement) la drogue, l’alcool et la délinquance.
Je mettrais en place des campagnes d’éducation, d’aide sociale, de sensibilisation pour les parents qui n’ont parfois pas le temps de surveiller et accompagner la vie de leurs enfants.
Je créerais des centres pour les jeunes, pour qu’ils s’occupent pendant leurs temps libres. Cela leur permettrait d’avoir un espace pour se cultiver, faire du sport, de la musique, ou tout simplement développer une passion. Selon moi, s’ils sont bien occupés et s’ils se sentent utiles, cela diminue le risque pour eux de tomber dans la délinquance. J’encouragerais également la mise en place de projets et je chercherais des financements nationaux et internationaux comme l’a fait l’un de nos présidents de la République.