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Chitiz, conseiller de voyage en Himalaya, est népalais et est né à Katmandou. Il est donc parfaitement bien placé pour nous parler de la jeunesse de son pays. Ce qu’il en ressort de notre entretien ? Le Népal est un pays très jeune qui est à l’aube d’une ère nouvelle pour le pays. Poussée et encouragée par l’élan économique de ses gigantesques voisins, la jeunesse népalaise est pleine d’optimisme et compte bien profiter de toutes ces nouvelles opportunités qui s’offrent à elle !
Le Népal est un pays en développement niché entre deux grands pays économiques : l’Inde et la Chine. Si la population du Népal se chiffre à 26 millions de personnes, il est important de préciser que la majorité des népalais sont des jeunes. On estime que seulement 4,4% de la population a plus de 65 ans, alors que 61% de la population a entre 15 et 64 ans. 34,6% de cette même population a moins de 14 ans ! On peut donc dire que la jeunesse tient un rôle primordial au Népal !
Pour voter, l’âge légal est fixé à 16 ans. Mais cet acte citoyen, c’est quelque chose de nouveau dans le pays. Moi-même, je n’ai voté pour la première fois que l’année dernière, comme 80 % du pays. Pendant 20 ans, il n’y a pas eu d’élections locales. Les hommes et les femmes ont eu le droit de vote en même temps et, depuis 2015, 1/3 du parlement est obligatoirement constitué de femmes. En 30 ans, le pays est passé d’une monarchie absolue, à une démocratie constitutionnelle, en passant par une révolution maoïste et par l’assassinat de la famille royale… Après quasiment 20 ans d’instabilité politique, le Népal a enfin déclaré une nouvelle constitution démocratique en 2015, donnant ainsi un nouvel espoir de prospérité et de développement économique rapide. Les jeunes népalais sont fiers de leur pays puisque le Népal n’a jamais été colonisé et, en tant que pays peuplé de jeunes, le Népal a une grande portée de développement.
Outre ces nouvelles opportunités, il y a aussi de nombreux défis auxquels les jeunes népalais sont confrontés aujourd’hui. Les études supérieures font partie des enjeux que les jeunes doivent surmonter. D’une manière générale, ils vivent avec leur famille jusqu’au secondaire, mais pour poursuivre leurs études, ils doivent aller à la capitale Katmandou ou dans d’autres grandes villes. Ce n’est pas facile d’être étudiant au Népal parce qu’il est difficile de trouver des chambres et des logements étudiants. Vivre en couple hors mariage n’est pas accepté par la société et le travail à temps partiel n’est pas toujours disponible pour les étudiants. Ils dépendent donc financièrement de leur famille. Beaucoup finissent par abandonner le collège. Les drogues et l’alcoolisme sont également de gros problèmes qui touchent la jeunesse népalaise.
Le chômage et la « fuite des cerveaux » sont des véritables préoccupations au Népal. Les jeunes diplômés ne trouvent pas d’emploi correspondant à leurs qualifications et à leurs capacités. Partir à l’étranger (surtout aux Etats-Unis, en Europe, en Israël et en Australie) tente énormément de jeunes dans la société. Parallèlement, les jeunes moins qualifiés ou non qualifiés habitant les régions rurales n’ont parfois pas d’autre choix que d’aller dans des pays comme le Qatar, Dubaï, l’Arabie saoudite et l’Inde en tant que travailleurs à bas salaire.
La migration est un problème majeur au Népal. La raison ? L’instabilité politique des dernières années. Notamment lors des 10 années d’insurrection maoïste lors desquelles beaucoup de personnes habitant les zones rurales ont été contraintes de se déplacer vers la capitale et les grandes villes pour leur sécurité, pour l’éducation et pour travailler.
Outre les problèmes que je viens de citer, les jeunes sont pleins d’espoir pour leur brillant avenir dans le pays car, après tout, c’est leur pays ! Beaucoup de jeunes ont commencé à quitter les Etats-Unis pour rentrer chez eux avec des idées et des technologies innovantes. De nombreux projets en faveur de la jeunesse voient le jour et sont soutenus par le gouvernement. Il y a, notamment, beaucoup de jeunes de retour au Népal qui se tournent vers l’agriculture moderne collective : ils se servent de leurs expériences en Israël, par exemple, pour apporter de bonnes pratiques et des idées nouvelles pour le pays.
Pour diriger les jeunes dans la bonne direction, si j’étais au pouvoir, je mettrais l’accent sur le système d’éducation supérieure et j’inciterais les jeunes à prendre part au débat politique actuel.