Cette histoire a commencé en 1890, lorsqu’un riche homme d’affaire indien demande à un jeune homme de lui porter son repas du midi sur son lieu de travail se trouvant de l’autre côté de la ville de Bombay. 127 ans plus tard, c’est toute une armée de dabbawallah (ou dabbawallahs) (en hindi « livreurs de gamelles ») qui se déploie et s’active toute la matinée à Mumbai. Imaginez un peu … Dans cette ville, grouillante, encombrée et bruyante, ces petits livreurs n’ont qu’un objectif en tête : livrer des milliers de lunch box à destination avant 13h. bynativ vous emmène en Inde, à la découverte du plus vieux système de livraison de repas au monde !
La livraison de lunch box de Bombay a inspiré de nombreuses start-ups et entreprises de logistique tant l’organisation de cette économie est complexe. Son succès est notamment dû à une gestion du temps chronométré à la seconde près.
Première étape : Les dabbawallah récupèrent la dabba (boîte en métal compartimentée) contenant le repas fait-maison du jour. Les livreurs locaux sont assignés à un secteur de la ville en particulier. Ils connaissent donc par cœur les rues et peuvent aisément choisir un chemin alternatif en cas de besoin. Les box qu’ils récupèrent sont identifiées avec un code bien spécifique qui utilise des couleurs et des lettres permettant aux indiens illettrés de le comprendre facilement. Chaque boîte reçoit donc une inscription avec l’adresse de livraison et la gare de débarquement.
Deuxième étape : Les dabbawallah locaux emmènent les lunch box qu’ils ont collectées dans la matinée à la gare. Entassées dans des wagons, les boîtes sont ensuite transportées par voie ferroviaire jusqu’à la gare la plus proche de leur destination finale. C’est alors qu’un nouveau livreur récupère les repas et poursuit leur acheminement jusqu’au lieu de travail de l’indien qui a fait appel à ce service. Les temps de livraison estimés sont toujours surestimés afin de donner aux livreurs la possibilité de se retourner en cas de problème ou de trafic trop dense. Et à Bombay, on imagine que cela doit arriver souvent …
Troisième étape : Une fois la dabba vide et le ventre de l’indien plein, le livreur récupère la boîte qui fait tout le trajet inverse.
Selon une étude menée par la Harvard Business School, cette organisation millimétrée, ne laisse pas de place à l’erreur (ou très peu …). Le taux de retard ou d’inversion est en effet évalué à 1/16 millions de lunch box distribuées ! On comprend tout de suite mieux pourquoi les start-ups sont si envieuses de nos dabbawallah.
Le plus beau dans tout ça, c’est que cette économie parallèle ne fonctionne qu’avec la mise en place d’une relation de confiance absolue. Les dabbawallah connaissent personnellement leurs clients puisqu’ils s’y rendent quotidiennement. Contre une modique somme (entre 6 et 11 euros), les livreurs passent tous les matins chez la famille indienne qui souhaite faire appel à ce service pour récupérer le plat fait-maison préparé (le plus souvent) par l’épouse.
Si la confiance est l’un des fondements de cette organisation, la solidarité en est le ciment. La très grande majorité des dabbawallah appartient à la communauté Vakari. Ils se connaissent entre eux et cela permet d’instaurer une solidarité forte entre les livreurs.
Ce système de livraison ne ferait pas long feu chez nous, en Occident. Notamment parce qu’on ne tarderait pas à le transformer en application et à y instaurer nos nouvelles technologies. La force des dabbawallah tient aussi de leur communauté Vakari dont le plus grand enseignement est le don de nourriture. Difficile donc de moderniser ce métier et de mettre la pagaille dans une tradition si ancienne. Ce système ne serait également pas viable dans notre société car il n’arriverait sans doute pas à concurrencer les fast-foods qui sortent de terre dans nos villes modernes. Ici, les indiens se doivent de respecter certaines habitudes alimentaires selon leur caste et préfèrent donc un repas fait maison et avec amour, qu’un hamburger fait de viande dont ils ne connaissent pas l’origine. A méditer …
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