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Céline est une voyageuse qui s’est éprise du Portugal. Elle y a notamment fait la rencontre d’Armando, un portugais qui a vécu toute sa vie en France et qui est revenu au pays après un long exil de plusieurs années. Pour bynativ, elle nous emmène avec elle dans ses souvenirs lointains, avant la dictature, la révolution des œillets et la crise. C’est parti !
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L’été touche à sa fin à Porto de Ovelha. Moi, je profite de mes derniers jours de vacances au Portugal pour redécouvrir cette terre oubliée des guides touristiques.
Assis à l’ombre du frêne on regarde les retardataires prendre la route du départ.
« Moi aussi je suis parti un 31 août. J’avais 17 ans. Avec un copain on a pris un taxi jusqu’à la gare. On a attendu le train, on est monté, on s’est couché dans les couloirs. Ce jour-là notre wagon était tellement bondé que les douaniers ont préféré faire une pause-café plutôt que de nous contrôler. » Lui, c’est Armando. Retraité depuis peu il est revenu vivre dans son village natal. Cernés par des rides fatiguées, ses yeux brillent de saudade. De cet accent qu’il n’a jamais perdu il me raconte son départ et son retour.
Armando a passé sa vie en France. Son histoire pourrait être racontée par de nombreux Portugais émigrés dans les années 70. Il a fui la dictature et les guerres coloniales. Il est arrivé à Paris chez un cousin lui aussi exilé. Il a travaillé à Rungis puis dans le bâtiment. Il a appris la langue. Il a aimé, il s’est marié et a eu des enfants. Il a divorcé aussi. Et puis, il a surtout rêvé.
Pendant 40 ans il a préparé son retour au pays. A chaque mois d’août il prenait la route pour s’offrir une bouffée d’oxygène. Puis il rentrait à Paris.
A 60 ans il a pris une dernière fois la direction du Sud. Il a laissé derrière lui le pays qui l’avait vu vivre. Il est rentré chez lui.
Ce 31 août on profite de la douceur de fin d’après-midi pour se balader. « Tu sais pourquoi ce village s’appelle Porto de Ovelha, le port aux moutons ? Parce qu’avant, c’est ici que les bergers venaient pour traverser le Côa, sur ce pont. Maintenant qu’il n’y a plus d’agriculteur, il ne sert plus à rien. » A Porto de Ovelha, les maisons en ruine racontent l’exil, le départ, l’abandon et l’oubli. Les murs délabrés font face aux maisons vides mais refaites à neuf. L’école aussi a été rénovée même si cela fait des décennies qu’il n’y a plus un seul enfant dans le village.
Depuis son retour Armando rattrape la nostalgie de son enfance en organisant des événements. « Avant mon retour ça faisait des années que personne n’avait utilisé le four du village. Mais moi, je n’ai pas envie qu’il disparaisse. Alors, de temps en temps je vais chercher du bois et on l’allume. » Ces jours-là l’odeur du pain accompagne l’eau de vie maison. Pour la Saint-Jean Armando allume un feu en face de l’Eglise. Les habitants, trop âgés pour sauter au dessus des flammes, se partagent du chorizo et des sardines. Au Portugal la nourriture résout tous les problèmes, même l’arthrose.
Les jours de fête la joie illumine le sourire d’Armando. On pourrait croire que rien n’a changé au village. Pourtant tout a changé. Aujourd’hui toutes les maisons ont un téléphone et il y a même du wifi gratuit. Les villageois n’ont plus besoin d’aller à la fontaine pour avoir de l’eau potable. Les machines ont remplacé les pieds nus pour écraser le raisin. Même le moulin de la coopérative s’est modernisé pour que tout le monde puisse avoir son huile d’olive maison.
Depuis son retour Armando essaie de redonner vie à son enfance, aux sourires des anciens, aux ruelles du village. Depuis que je le connais j’essaie de parler autour de moi de ce petit bout de paradis oublié des voyageurs. Si loin des sentiers battus des centaines de villages reprennent vie grâce aux émigrés portugais qui reviennent au pays, à leurs petits-enfants qui viennent découvrir cette culture qui coule dans leurs veines, à ces moments de vie partagés ensemble. Si loin de Lisbonne, Porto et Faro, le Portugal recèle de sourires à rencontrer, de vies à écouter, de paysages à admirer.
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Partez, vous aussi, vous ressourcer au Portugal quelques jours. Contactez Monica, notre conseillère de voyage locale. Elle sera ravie de vous préparer un voyage sur-mesure au Portugal selon vos envies !