Temps de lecture : 3 minutes 50
Cécile continue sa découverte de l’Australie. Après un saut à la Grande Barrière de Corail et dans le parc de Karijini, elle nous raconte avec émotions sa découverte du célèbre rocher sacré : Uluru. Depuis le début du mois de novembre 2019, les voyageurs ne peuvent plus grimper sur le majestueux site d’Uluru en Australie et c’est tant mieux ! Après plusieurs longues années de combat, les indigènes peuvent profiter en paix de ce lieu sacré pour de nombreuses générations. Cécile s’est donc contentée de l’observer de loin, et c’était déjà magique ! Voici son témoignage …
–
Pour moi, l’Australie a toujours été une terre fantasmagorique, regorgeant de mystères – et d’animaux ne voulant pas que votre bien. Faire l’expérience de la véritable Australie signifie s’enfoncer dans les terres arides et hostiles du Centre Rouge regorgeant de légendes aborigènes. Une escapade à Uluru, immense rocher sacré au milieu de nulle part, en est un parfait exemple.
Rien à l’horizon, si ce n’est cet immense rocher, émergeant comme par magie au milieu de la terre rouge. Ma première visite remonte à 2015 et pourtant, 4 ans plus tard, la surprise et l’émerveillement étaient intacts. Uluru reste imposant, qu’importe le nombre de visites. Plus qu’un rocher où la tribu Anangu y célèbre encore des rites initiatiques, il est au cœur même de nombreuses légendes et récits aborigènes, le rendant intrigant et mystique.
Pour les Anangu, Uluru est un témoin du « Tjukurpa », un mélange complexe de légendes religieuses et de récits retraçant les actions des esprits ancestraux ayant façonné la surface de notre planète. Cette genèse est jalousement gardée, uniquement transmise aux membres de la tribu ayant mérité l’accès à ce savoir. Il est donc impossible pour nous, étrangers, de comprendre l’intégralité de sa signification. Seuls quelques récits (incomplets) nous ont été transmis et l’on retrouve des traces de ces derniers sur plusieurs faces d’Uluru : une fissure témoignerait du combat mortel entre les Kuniya et les Liru, un éboulement serait la trace du passage du voleur Lungkata… En faire le tour à pied, c’est se rendre compte des nombreux récits auxquels nous n’avons pas accès et dont nous ne percerons sûrement jamais le secret.
Qui dit terre sacrée, dit aussi malédiction. Autour d’Uluru, des écriteaux d’avertissement stipulent qu’il est interdit de rapporter dans sa valise un échantillon du rocher ou même de la terre. La préservation du site me semblait être une explication tombant sous le sens… je n’avais pas tout à fait raison. Il semblerait que tous les visiteurs ayant enfreint cette simple règle ont vécu des expériences désastreuses. Le rocher les avait maudit. Nombreux d’entres eux renvoient par la poste les fragments de terre sacrée volée, espérant contrecarrer le « sortilège » funeste. L’histoire ne dit pas si la menace d’Uluru les a quitté. La perspective de crever en plein milieu du désert ne me séduisant pas, je décidais de ne pas faire partie de ces aventuriers maudits et de respecter le rocher maudit lors de ma visite.
Les levers de soleil sont mon petit péché mignon. Toutefois, à Uluru, le coucher est le plus impressionnant. Je me postais donc patiemment face au monolithe, prête à en prendre plein les yeux. De jour, le rocher est orangé à cause d’un très fort taux de fer dans la roche (normalement anthracite). Peu à peu, Uluru s’est paré d’un camaïeu d’orange hypnotisant, ses reliefs donnant un résultat de contrastes surnaturels. A chaque minute, une nouvelle nuance. D’abord orange, le rocher est devenu rouge sang, carmin, pourpre, pour finir ébène. Un coucher de soleil à Uluru est une preuve irréfutable qu’il n’y a pas assez de mots pour transcrire toutes les subtiles nuances de couleur de la nature.
Le lendemain matin, emmitouflée dans ma doudoune, je retournais à mon poste d’observation, bien déterminée à voir le lever du soleil. Le ciel commençait à s’éclaircir, la voie lactée à se faire timide et, avant même que le ciel n’embrase la plaine, l’ombre chinoise d’Uluru se découpait déjà sur le ciel, comme la sentinelle infatigable du Centre Rouge. Je comprenais alors soudainement l’immense fascination des aborigènes pour cet endroit mystique, à la limite du magique. Devant moi, le cœur de l’Australie se réveillait et je me sentais à la fois toute petite et prête à conquérir le monde.